On se rappelle encore de ces moments où les populations observaient et côtoyaient des militaires/PA constamment installés dans certaines zones de la capitale Conakry, notamment dans la commune de Ratoma pour disait-t-on lutter contre l’insécurité et faciliter la circulation des personnes et leurs biens. Ce stratagème mis en place par le régime déchu et dissous par la junte, semble être de nouveau remis depuis la manifestation du 28 juin dernier.
D’abord, il faut rappeler que c’est à la suite des incessantes manifestations de rue des membres de l’opposition et du Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC) sur l’axe le prince que les autorités d’alors avaient pris cette initiative d’installer des PA. Pour contenir ces manifestations souvent émaillées de violences et de pertes en vie humaine, les autorités avaient évoqué de manière subtile, la situation sanitaire du Covid-19. Cette militarisation prendra ainsi la forme de PA (points d’appui ou postes armés) avant d’être démantelé par le CNRD.
Ainsi, pendant des mois, les autorités ont réussi à maîtriser les cours des manifestations dans le pays et principalement dans la capitale et même au plus fort des revendications sociales contre les velléités du président Alpha Condé de briguer un troisième mandat.
Cependant, à son arrivée au pouvoir le 5 septembre 2021, le CNRD changera les données de l’équation. Dans sa quête de l’adhésion populaire, le groupe de Mamady Doumbouya va prendre des actes plus populistes que réalistes. Mais pouvait-il faire autrement? Cela relève du mystère qui ne peut être traité dans cette analyse.
Dans ses actes, le CNRD prendra la décision le 19 octobre 2021 de lever tous les PA installés depuis le 19 novembre 2018. Une décision qui fut accueillie de façon contrastée par les populations. Car si certaines y ont trouvé un moyen efficace de maintien de l’ordre, d’autres par contre estimaient que ces PA étaient surtout un instrument contre la liberté d’expression et de manifestation.
Mais, quoi qu’il en soit, depuis les manifestations du 28 juillet dernier qui ont été émaillées de violences, le CNRD semble revenir sur sa décision concernant les PA, surtout sur le long de l’axe le Prince. Car c’est au lendemain de la manifestation que le ministre de la décentralisation a pris la résolution de réquisitionner l’armée pour épauler les forces de sécurité dans le cadre du maintien d’ordres. Une décision qui a fini par donner naissance à l’installation des véhicules militaires et policiers le long des routes de cet axe pour anticiper et étouffer tout autre éventuel mouvement de mobilisation.
Retour progressif des PA version CNRD…
Cette décision d’installation des véhicules militaires et policiers s’apparente pour plusieurs observateurs comme un retour des PA démantelés par ce même CNRD. Une décision qui n’a pas d’ailleurs permis de dissuader le FNDC d’appeler à manifester le 17 août 2022 sur toute l’étendue du territoire national.
Mais d’un autre côté, force est de reconnaître que cette militarisation a au moins permis de déjouer la manifestation du 4 août 2022 qui a été reportée Sinè Die par les organisateurs. Puisqu’aucun incident n’avait été constaté. Et tout porte à croire que le même scénario pourrait aussi impacter cet appel à manifester du 17 août par le FNDC.
En tout état de cause, la zone démilitarisée doit-elle renouer avec sa militarisation par les nouvelles autorités? Le CNRD seul a les raison de la reconduction de cette approche déjà initiée par l’ancien régime.
Toutefois il est indispensable de prendre des mesures pérennes pour résoudre le problème d’insécurité et de violence dans notre pays lors des manifestations en lieu et place des décisions factuelles qui ne servent qu’à déplacer les problèmes.
S. Doss Sylla