Une responsabilité partagée qui doit être déclenchée par une anticipation collective. Au crible d’une analyse exhaustive de la principale transition de 24 ans de pouvoir militaire vers un régime civile issu d’une élection démocratique en 2010, la principale cause de son échec fut le mauvais choix de l’option transitionnelle à l’époque.
Celle-ci très mal calée et totalement inadaptée au contexte sociopolitique du pays à l’époque, continue malheureusement de produire des effets multiplicateurs qui tiennent encore aujourd’hui le pays dans un schéma de perpétuel régénérescence des crises de fonctionnement démocratique.
Devons-nous faire éviter au Conseil national pour le rassemblement et le développement (CNRD), une telle issue aux effets multiplicateurs terribles qui seraient pour le pays un autre rendez-vous manqué de l’histoire?
En jetant à la fois un regard rétrospectif comparé sur les différentes transitions politiques que le pays a connu et celles qui ont réussi ailleurs comme au Ghana avec Jerry Rawlings, il ressort aisément que les acteurs sociopolitiques de l’époque et les intellectuels guinéens associés ont tous failli en soutenant une précipitation incongrue qui ne tenait qu’à la pression des acteurs politiques et de la communauté internationale sans trop tenir compte des réalités socio historiques et politiques du pays .
Depuis la nuit des temps et sous d’autres cieux chers compatriotes et observateurs indépendants, plusieurs peuples ont connu des transitions politiques dont la qualité des instances , la compétence, l’intégrité et la sincérité des acteurs associés pour la conception et la mise en œuvre du processus intégral ont permis de bâtir des édifices institutionnels infalsifiables qui ont garanti le passage vers des démocraties fortes qui ne reposent pas sur du subjectif du communautarisme et du clientélisme comme dans notre pays.
Pour mieux suivre mon raisonnement, je tente d’entrée de jeux en m’inspirant des connaissances partagées que nous avons tous de la sociologie politique guinéenne, de décliner non pas des théories et options doctrinaires toutes faites et universellement investies mais, décrire de façon non exhaustive des réalités politiques palpables analysables à travers certaines méthodes de recherches sociales qui induisent les techniques de comparaisons historiques et universelles.
Ainsi, pour mieux élucider et comprendre les fondements sociologiques de cet échec de la transition politique de 2009 conduite par le CNDD et, qui explique en partie l’avalanche et la persistance des crises actuelles et la tendance vers des recommencements transitionnels interminables, commençons par cerner ces concepts de base notamment les deux (2) options transitionnelles parmi les quelles, les guinéens devraient faire un choix responsable, ensuite de la théorie de l’analyse transitionnelle et enfin, de la théorie de la caverne de Platon .
Ces théories m’ont amené tout d’abord à conclure de l’échec de la transition de 2009 avec le CNDD mais aussi de l’échec du PRAC avec les effets qui ont amené le CNRD à reprendre encore le pouvoir:
Analysons ce contexte sociopolitique et historique à travers la compréhension doctrinaire des options transitionnelle au point de vue de l’agent de développement :
Concernant les options transitionnelles, il y en a deux (2) principales : l’option politicienne de la communauté internationale et l’option dite multisectorielle des agents de développement.
L’option classique ou politicienne privilégie les aspects politico électoralistes de la transition. Pour les tenants de cette option à l’époque, parmi les acteurs politiques internes opposés, la société civile et la communauté internationale appuyée par les puissances occidentales une transition doit être courte et simplement chargée d’organiser des élections crédibles et transparentes.
Pour elle, les élections constituent une panacée quel que soit le niveau de délabrement de la situation initiale à l’instar du cas guinéen où presque tous les secteurs vitaux étaient gangrenés par un demi-siècle de gestion chaotique.
Cependant en évitant d’être fébrile aveugle de l’international, il est toujours nécessaire pour nos jeunes nations de faire des choix responsables d’options transitionnelles selon la primeur sociologique de nos réalités.
La communauté internationale ne fera que nous accompagner selon les orientations de notre choix et pas le contraire.
Ainsi, si la durée d’une transition résulte du niveau de délabrement de la situation initiale, la complexité des mesures de redressement des déviances systématiques qui ont suscité cette exception dépend aussi du niveau de délabrement des secteurs vitaux.
Alors ma conclusion, c’est que les guinéens se sont précipités comme dans une course de vitesse à aller aux élections présidentielles perçues à l’époque comme la panacée qui pourrait tout résoudre.
Comment dans l’état de la Guinée d’alors, une transition politique soit conduite sans charte consolidée et calée qui soit adaptée au contexte ?
Est-ce qu’aujourd’hui, le Conseil national pour le rassemblement et le développement (CNRD), ne prends pas la Guinée avec des secteurs vitaux déliquescents notamment, une communautarisation politique à outrance, un tissus social déchiré, une administration politisée à outrance etc…?
Comment cette transition militaro civile ait pu se confiner dans une durée insuffisante pour élaborer une constitution sans la soumettre immédiatement au referendum et prétendre naïvement que celle-ci serait soumise à cet exercice démocratique par celui qui serait élu ?
Dans le passé, qu’est ce qui empêchait d’introduire tout ce processus de mise en place des institutions démocratiques par les législatives avant les présidentiels ?
Pourquoi était-il impossible de profiter de cette transition pour ramener les partis politiques à 2 ou 3 au maximum pour décommunautariser l’espace politique et créer les conditions des alternances sans peur collective des hégémonies politiques communautaires qui pourrit l’espace politique actuel ?
Pour quoi n’ont-ils pas profité de cette transition pour rendre inéligible à toutes les instances démocratiques tous ces bandits à col blanc reconvertis en hommes politiques qui pourrissent actuellement l’espace politique guinéen ? Etc.
L’option révolutionnaire ou multisectorielle ciblée :
Cette option consiste à étendre la transition sur une période plus ou moins langue, deux (2) ans au minimum pour résoudre un ensemble de problèmes ciblés dont la résolution est plus aisée dans une situation exceptionnelle.
Généralement, l’option multisectorielle est réclamée dans des contextes où les secteurs vitaux d’une nation ont atteint un niveau inacceptable de déliquescence au point que l’Etat et les populations se trouvent menacés de destruction totale.
En effet, quand en plus de la détérioration drastique du cadre et du niveau de vie de l’entité sociale concernée, des fléaux d’une atrocité meurtrière s’emparent de tous les secteurs névralgiques d’un Etat notamment :
• Le trafic de drogue sous-tendu par l’implication de l’Etat au plus haut niveau avec constat d’installation et de fonctionnement effectif des bases industrielles de raffinage ou de fabrication.
• La corruption et la mal gouvernance totale presque institutionnalisée ;
• La déliquescence inquiétante du secteur politique et socio-économique avec un plateau de leaders suspects enrichis dans des engrenages d’affaires louches etc.
L’option politicienne de la communauté internationale, qui fut malheureusement le choix des guinéens est pratiquement inadéquate ou génératrice de complications imprévisibles et préjudiciables à la stabilité démocratique.
En principe, au regard du contexte guinéen systémiquement déliquescent à l’époque, il fallait être guinéen simplement pour accepter une transition laconique qui n’a finalement pu rien résoudre de fondamental pour garantir la stabilité et l’infalsifiable des institutions démocratiques qui par ricochet nous aurait évité aujourd’hui de tous ces tintamarres répétitifs.
Aujourd’hui avec le CNRD, devons-nous réfléchir et prendre une option transitionnelle adéquate ?
A suivre…
Qu’ALLAH sauve le pays.
Aimé Stéphane MANSARE
Analyste indépendant.
Expert consultant en sciences sociales du développement.
Fondateur et PDG de L’IPCJGUINEE.
Tél: 628342029