L’histoire du football guinéen remonte à l’indépendance du pays avec les glorieux joueurs du légendaire Hafia FC, le premier club africain vainqueur de trois ligues des champions africains. Ces différentes victoires jadis avaient créé un lien fort entre le peuple et ses joueurs et représentait l’autre forme d’expression de la politique du gouvernement socialiste en place.
Pendant plusieurs années, le football a servi le peuple de Guinée. Après, les sacres du HAFIA FC en 1972 et 1976 en ligues des champions africaines, l’équipe nationale s’est portée à la deuxième place de la coupe d’Afrique en 1976 occupant ainsi une position de vice-championne d’Afrique, soit son meilleur classement de son histoire.
A cette époque, l’ossature de la sélection nationale était composée de joueurs du terroir. Le championnat local était ainsi largement relevé et rendait le Syli national plus compétitif avec un système de jeu purement original.
Mais d’une époque à une autre, cette donne semble changer. Après les grandes épopées des illustres prédécesseurs comme Petit Sory, Joe Léa, Papa Camara, Edenté, Cherif Souleymane le seul ballon d’or africain de la Guinée, Bangaly Sylla ou Petit Bangaly, Bernard…, le football guinéen connaît une terrible et longue traversée du désert.
Pourtant, ce n’est pas le talent qui manque dans le pays. Chaque génération est pourvue de pépites et de joueurs prometteurs ou confirmés tant au niveau local qu’international. Car les différentes compétitions africaines connaissent toujours la participation de nos sélections toutes catégories confondues malgré de moult bisbilles dans l’organisation et dans les structures du football national. La coupe du monde pour les minimes en 1999, le chan pour l’équipe nationale locale, la CAN pour l’équipe senior ou encore les compétitions africaines et internationales pour les catégories U17, U23 ou l’équipe féminine.
Du passé au présent… le football guinéen change et déçois
Ces dysfonctionnements plus profonds les uns les autres ont souvent contribué à la déstabilisation de ce football. On se rappelle des conflits entre la fédération guinéenne de football et le pouvoir exécutif dans les années 2000 avec la suspension du pays à toutes les compétitions de la FIFA alors qu’une de nos sélections s’apprêtait à disputer la finale de sa catégorie.
Ce manque d’organisation et de professionnalisme de la fédération basée essentiellement sur la corruption désosse le football. A cela s’ajoute le manque d’implication des autorités gouvernementales dans la construction des infrastructures sportives dignes de ce nom.
Ces différents maux, quoique profonds, n’ont pas empêché le pays de vibrer par les émotions enthousiastes que lui procurent ses sélections lors des différentes compétitions africaines et mondiales. La Guinée est un pays foncièrement de football qui est attachée à ses équipes nationales depuis les premières heures et qui regorge d’un vivier de talent immense.
Depuis le début des années 90 et malgré la présence de grands joueurs comme Mohamed Sylla dit Socrates, Aboubacar Titi Camara, Morlaye Kolo Soumah, Kemoko Camara, Pascal Feindouno, Dian Bobo Baldé, Kamil Zayatte, Ibrahima Traore, Naby Keita, Ismael Bangoura, Fodé Mansaré …, les équipes nationales ont connu d’énormes déroutes dans les compétitions africaines. Les quelques sombres années de déceptions furent entre autres les déroutes de la non qualification à la CAN de 1990, 1992 ; 1994, 1996, 2000, 2002.
Toutes ces désillusions auraient dû permettre aux responsables du football guinéen de se remettre en cause afin de mettre sur pied les indispensables pour améliorer ce sport national. Malheureusement, les mauvaises pratiques subsistent toujours. La corruption, le manque de patriotisme des équipes, le délaissement du championnat à certains moments et le manque de professionnalisme dans la gestion des équipes restent les maux qui gangrènent le sport roi en Guinée.
Le Syli national qui autrefois était une fierté pour toute une nation à travers ses joueurs et leurs performances, est aujourd’hui un géant n’est que l’ombre de son passé. On se remémore encore le score écrasant et humiliant de 5-0 qu’avait infligé la Côte d’Ivoire contre la Guinée en quart de finale. Ou encore les éliminations successives contre le Sénégal et le Mali respectivement en 2004 et 2006.
Le pays ne manque pourtant pas de talents ni de potentialités. Mais la structuration et le professionnalisme dans la gestion du football sont des manquements profonds et destructeurs de notre football.
Cette campagne de 2022 est une autre étape pour permettre au pays de rêver avec son équipe nationale même si la sélection laisse plusieurs spécialistes dubitatifs et perplexes tant sur la qualité des joueurs sélectionnés que sur la composition de l’équipe dirigeante aux commandes de la sélection.
Au regard des observateurs, l’équipe ne devra pas jouer les premiers rôles sauf énorme surprise. Aux joueurs et encadreurs de démentir les différents pronostics pour faire mieux que ces conjectures afin d’honorer le peuple qui ne demande que cela.
Ils sont partis pour se battre pour le drapeau en guerriers. Tout le peuple souhaite qu’ils soient capables de se transcender pour mériter cette confiance placée en eux.
Le Syli est un animal puissant et robuste qui écrase tout sur son chemin. Pourront-ils imiter cet immense homonyme ? Le duel avec le Sénégal va le prouver.
Seydouba Doss Sylla
Analyste