Contrairement aux années des indépendances, la culture dans sa globalité continue d’être le parent pauvre dans les priorités de développement de plusieurs pays d’Afrique. En Guinée, ce secteur est parfois oublié dans les idées de programmes de société développés par les candidats en lice lors des campagnes électorales.
Le site d’information signalafrique.com a ainsi décidé de réaliser un gros plan sur ce secteur de manière schématique qui faisait autrefois la force et la fierté de la Guinée sous le premier régime.
En sociologie, la culture est définie comme « ce qui est commun à un groupe d’individus » et comme « ce qui le soude ». Ainsi, selon une institution internationale comme l’Agence des Nations-Unies pour les Sciences et la Culture (NESCO), dans son sens le plus large, « la culture peut aujourd’hui être considérée comme l’ensemble des traits distinctifs, spirituels et matériel intellectuels et affectifs qui caractérisent une société ou un groupe social. Elle englobe, outre les arts et les lettres, les modes de vie, les droits fondamentaux de l’être humain, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances. »
Aujourd’hui, les stratégies de développement durable retiennent un grand nombre de facteurs, tels que les besoins exprimés par les populations ciblées, et leur environnement économique, social, voire politique.
La prise en considération de ces éléments est essentielle pour la conduite de tout type de programme de développement durable. Mais dans quelle mesure la culture est-elle prise en compte ? Quel degré d’attention devrait être accordé à la culture d’une population donnée afin qu’un programme de développement durable soit réellement efficace ?
D’où que l’on vienne, quel que soit notre histoire, l’idée d’héritage culturel nous parle – que ce soit à travers nos traditions nationales, régionales, ou même familiales, ou à travers notre langue et nos concepts et valeurs apprises.
Notre culture est le fondement de notre mode de vie. Et les communautés locales, notamment dans les régions rurales ou reculées où elles sont moins exposées à d’autres cultures, ont généralement une identité et un héritage collectifs, et accordent un réel poids à la tradition.
Comprendre une culture locale veut donc dire comprendre les racines d’un contexte local, et cette compréhension en elle-même est essentielle pour développer et mettre en œuvre un programme de développement durable qui soit réellement ajusté aux besoins de la communauté ciblée.
Lorsque la culture locale n’est pas suffisamment étudiée et prise en compte dans l’élaboration d’un programme de développement, celui-ci a toutes les chances d’échouer, car il ne sera pas complètement adapté à l’identité et au mode de vie de la population concernée.
Un excellent exemple de cette idée est le XO, un ordinateur portable tout terrain, peu coûteux, fonctionnant à basse énergie, et connecté à Internet, imaginé dans le cadre du projet Un ordinateur portable par enfant afin de développer les opportunités éducatives d’enfants pauvres de par le monde.
Bien que l’ordinateur portable en question ait été conçu, en termes de matériel et de logiciels, pour des enfants vivant et allant à l’école dans des conditions difficiles, le programme n’a pas accordé suffisamment d’importance aux spécificités culturelles des populations locales, et les communautés ont pensé que le XO ne leur était pas vraiment approprié.
La culture, un pilier de la croissance économique
En revanche, lorsque la culture est effectivement prise en compte, elle devient souvent l’un des piliers des programmes de développement durable à succès et de la croissance économique.
Non seulement la prise en compte de la culture de la population locale pour l’élaboration d’un programme de développement durable assure que les traditions et le mode de vie de la population seront intégrés, et que le programme sera ainsi effectivement ajusté à ses besoins, mais en plus, une telle prise en compte peut également servir de base à une activité économique.
Ainsi, l’héritage culturel peut être une source de revenus multiples, et cela commence avec le tourisme culturel.
La plupart d’entre nous s’intéresse à une ou plusieurs autres cultures, et avons envie d’aller les voir de nos propres yeux, les admirer, et les vivre un peu. Les populations locales peuvent ensuite générer des revenus à partir du tourisme, grâce à des emplois comme celui de guide touristique par exemple, ou à des activités de fabrication et de vente d’objets et d’art.
Thierno Saïdou Diakité