Nommé chef de gouvernement en juillet, Hamed Bakayoko est mort mercredi, à 56 ans, dans un hôpital en Allemagne des suites d’un cancer.
Le premier ministre ivoirien, Hamed Bakayoko est mort mercredi 10 mars, à 56 ans, dans un hôpital en Allemagne « des suites d’un cancer », a annoncé le président de la République de Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara, dans un communiqué. « Je rends hommage au premier ministre, Hamed Bakayoko, mon fils et proche collaborateur, trop tôt arraché à notre affection », a déclaré le président dans ce communiqué lu à la télévision publique RTI.
M. Bakayoko, qui était aussi ministre de la défense, avait été évacué en France par avion spécial pour « raisons de santé », avant d’être transféré en Allemagne le week-end dernier.
Beaucoup voyaient « HamBak » , populaire y compris au-delà de son camp politique, comme un possible successeur d’Alassane Ouattara. D’abord militant politique, puis homme de médias dans les années 1990, il était devenu ministre au début des années 2000. Il avait été ensuite de tous les gouvernements pendant près de vingt ans.
Né le 8 mars 1965 à Abidjan, dans une famille de la classe moyenne, cet homme de confession musulmane, originaire du nord du pays, s’était intéressé dès sa jeunesse au journalisme et à la politique. A 25 ans, il avait créé le journal Le Patriote, devenu le quasi-organe du Rassemblement des républicains (RDR), le parti de M. Ouattara, auquel il avait adhéré dès sa fondation, en 1994.
Présidentiable
Il avait ensuite, en 1993, pris les commandes de la radio Nostalgie Côte d’Ivoire, la première station commerciale du pays, en plein printemps de la presse ivoirienne. Ce qui l’avait rapproché du milieu de la musique et du show-business, dans lequel il aimait s’afficher.
Son ascension politique avait vraiment commencé en 2003 quand, à 38 ans, il était devenu ministre des télécommunications et des nouvelles technologies, un poste qu’il gardera dans tous les gouvernements d’union nationale, sous le régime de l’ex-président Laurent Gbagbo.
Avec l’arrivée au pouvoir d’Alassane Ouattara en 2011, il avait hérité du stratégique ministère de l’intérieur, qu’il avait conservé jusqu’en 2017, réussissant à maintenir l’ordre dans un pays revenant à la paix, notamment grâce à ses nombreuses relations dans tous les milieux, aussi bien parmi les anciens chefs de la rébellion que dans l’opposition.
En juillet 2017, il avait été nommé ministre d’Etat, ministre de la défense et numéro deux du gouvernement, où il avait eu la lourde tâche de gérer plusieurs mutineries dans l’armée.
En 2018 il avait été élu maire d’Abobo, l’une des deux grandes communes populaires d’Abidjan, au terme d’un scrutin cependant terni par des violences.
En 2020, son nom avait circulé comme présidentiable, avant la désignation du premier ministre Amadou Gon Coulibaly comme candidat du parti au pouvoir pour l’élection présidentielle d’octobre. Après la mort inattendue de ce dernier d’un infarctus, qui a conduit M. Ouattara à revenir sur son engagement et à se faire réélire, M. Bakayoko avait d’abord été désigné pour assurer l’intérim, puis nommé premier ministre.
Après la présidentielle du 31 octobre, marquée par le boycottage de l’opposition et des violences ayant fait une centaine de morts, « HamBak » avait ramené l’opposition à la table des négociations, ce qui a permis des élections législatives apaisées, avec la participation de toutes les forces politiques. Quatre jours avant sa mort, il avait lui-même été largement réélu député dans son fief de Séguéla (Nord) aux législatives du 6 mars.
M. Bakayoko était marié à une avocate, chrétienne originaire de l’Est, avec laquelle il a eu quatre enfants.
Le Monde avec AFP