Renouvellement de la classe politique. Un sujet qui intrigue, fascine, inquiète. Au sein de l’opinion, il est désormais plus que nécessaire d’en parler. Aussi loin que mes souvenirs sont bons, le sujet est très ancien. Il est alors temps de dépassionner le débat, dans une Guinée qui prône la rectification institutionnelle.
Le renouvellement est dans l’ordre naturel des choses. L’alternance du jour et de la nuit est une parfaite illustration. Il est donc inutile et insensé de confondre le renouvellement au remplacement. Paradoxalement, certains hommes politiques théorisent avec ferveur, le renouvellement de la classe politique. A leur entendement, cela passe par la limitation de l’âge à l’élection présidentielle. Finalement, ceux qui ambitionnent réguler la cité dérégulent. Et bonjour le péril !
Comme nous l’enseigne la pensée grecque, tout malentendu renferme en son sein la possibilité de son propre dépassement. Saisissons donc cet instant pour dire de quoi le renouvellement de la classe politique est-il le nom et comment cela peut redonner sens à l’expression du pouvoir du peuple par le peuple et pour le peuple. Pour commencer, il ne s’agit nullement d’exclure un candidat encore moins d’en imposer. Mais le travail consiste à casser le monopole des partis politiques sur la vie publique. Candidater à une élection ne doit pas être conditionné à l’appartenance politique. Renouveler veut donc dire ici, introduire de nouvelles offres politiques. Renouveler veut également dire, permettre la libre concurrence des idées. On ne le dit presque pas, mais c’est là en principe le point fondamental qui doit permettre à la démocratie de retrouver toute sa vitalité pour enfin tenir promesse du pouvoir du peuple par le peuple et pour le peuple.
Rappel historique. En 2010, la classe politique s’est fortement opposée à l’introduction des candidatures indépendantes pour simplement barrer la route au camarade feu Ibrahima Fofana. En conséquence, tout a été politisé dans le pays. Y compris les lieux de culte…
La candidature indépendante effraie tant et tant de monde. Jusqu’ici, l’argument de ses détracteurs est de moraliser la vie publique en évitant que des personnes de basse moralité ne corrompent la République. Pourtant, le même argument est opposable aux partis politiques. Combien d’entre eux ont leur compte de campagne certifié par la cour des comptes ? En outre, les partis politiques n’ont pour l’instant pas produit les effets escomptés. Au fond, les partis politiques sont des entreprises unipersonnelles, une monarchie au niveau micro qui ne dit pas son nom. Peu de partis politiques organisent véritablement de congrès. Or comme le dit Platon dans son livre ‘‘ Les Politiques’’, la démocratie est un système dans lequel les citoyens exercent le pouvoir à tour de rôle. Aujourd’hui, cette règle d’or de la démocratie est lettre morte.
Enfin, le renouvellement de l’offre politique est un passage obligé. Voilà le sens de la refondation tant souhaitée.
Par Amadou Tidiane Barry, acteur de la société civile.
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