Les économies Africaines sont exsangues et restent tributaires de l’exploitation et de l’exportation des matières premières à l’image du constat de l’écrivain Eden Kodjoe dans ‘ …Et demain l’Afrique’ « une économie vouée à l’inessentiel qui produit ce qu’elle ne consomme pas et consomme ce qu’elle ne produit pas » Les matières premières sont exportées à de vils prix et en retour les produits finis sont vendus aux Africains à des prix fortement significatifs. L’Afrique s’appauvrit du jour au jour. C’est un cycle vicieux qui conduit au maintien du continent dans une pauvreté endémique.
Pour inverser cette tendance affaiblissante, les dirigeants Africains doivent opter pour la politique d’industrialisation de leurs économies, en vue de pouvoir lutter contre la paupérisation grandissante et amorcer un développement soutenu et équilibré de leurs Etats.
Les politiques publiques doivent être orientées sur la transformation économique par une promotion d’un secteur privé accès sur l’industrialisation, notamment l’émergence des industries agro-alimentaires. Cette ambition est tout à fait possible avec une volonté politique forte et réfléchie.
Certains pays, comme la Guinée, ont expérimenté l’agro-industrie. Les premiers dirigeants du pays avaient mis en place des petites industries portant sur une variété de produits agricoles. Hélas, cette politique a été abandonnée à la prise du pouvoir par des autorités militaires dans les années 80, qui n’ont pas su opérer un passage réussi d’un système socialiste corporatiste à un système libéral ouvert à l’entreprenariat.
Selon un rapport de la Banque Africaine de Développement (BAD) « L’industrie africaine ne génère que 700 dollars américains de PIB par habitant en moyenne, trois fois moins qu’en Amérique latine (2500 dollars) et cinq fois moins qu’en Asie de l’Est (3 400 dollars). Et ses exportations se composent de produits manufacturés de faible technologie et de ressources naturelles non transformées – qui représentent plus de 80 % des exportations de l’Algérie, de l’Angola et du Nigeria, par exemple. »
En dépit du fait, que l’industrialisation des économies africaines se heurte à une faiblesse notoire des infrastructures électriques et routières, elle constitue une nécessité absolue pour l’accroissement des ressources et pour rendre les économies moins dépendantes de l’extérieur.
Pour mieux prendre en charge leurs besoins d’investissement, les dirigeants Africains doivent opter pour le Partenariat Public-Privé (PPP) qui semble constituer une solution peu couteuse si elle est bien négociée.
La notion des PPP est depuis quelques années répandue en Afrique. Plusieurs pays du continent ont contractualisé des marchés de PPP sans vraiment maitriser les risques liés à la demande : la mauvaise estimation de la demande ou d’utilisation par les usagers de l’ouvrage peu conduire l’État à verser des compensations financières au partenaire privé, ce qui représente donc des dépenses supplémentaires. Il y’a également, le risque de mauvaise gouvernance, liés aux marchés publics et aux concessions lorsque ceux-ci ne sont pas attribués de manière transparente et équitable.
C’est pourquoi, Les États de l’Union Economique Monétaire Ouest Africain (UEMOA) travaillent à la mise en place d’un cadre régional des PPP, et nombreux sont les États qui ont déjà un cadre national, comme la Guinée, le Sénégal, le Niger ou la Côte d’Ivoire. Pour que ce cadre devienne réellement opérationnel, il sera important de renforcer les capacités des organismes en charge de gérer les PPP, et l’aide au développement pourrait y contribuer directement en facilitant des transferts de compétences dans ce domaine.
Pour y arriver, les Etats africains peuvent nouer des partenariats avec les pays avancés en matière d’industrialisation ou d’autres pays du SUD notamment avec des pays de l’Asie ayant acquis d’expériences avérées dans le domaine de l’agro-industrie.
En plus, ils peuvent également faire la promotion de politiques fiscales et sociales pour encourager les investisseurs nationaux à s’impliquer davantage dans la création industrielle.
Par Mamadou Gando BAH
Spécialiste en Gestion publique