Le Président de la transition guinéenne, le Colonel Mamadi Doumbouya, a tenu son discours ce jeudi 21 septembre 2023 à la tribune des Nations-Unies. Une occasion pour le chef de la junte guinéen de justifier le bien-fondé de certaines prises de coup d’Etat en Afrique.
Dans son grand oral sur la tribune des Nations Unies, Mamady Doumbouya a d’abord déclaré que le thème de la présente session « Paix, prospérité, progrès et durabilité », revêt tout son sens dans la mesure où l’Afrique fait face à une d’épidémie de ‘’coup d’Etat’’ après celle de la Covid-19. Plutôt que de condamner les coups d’Etat, il estime que la communauté internationale doit avoir l’honnêteté et la correction de ne pas se contenter de dénoncer les seules conséquences, mais de s’intéresser et de traiter les causes.
Pour le Chef de la junte guinéenne, les coups d’Etat, s’ils se sont multipliés ces dernières années en Afrique, c’est bien parce qu’il y a de raisons très profondes. Et pour traiter le mal, il faut s’intéresser aux causes racines. « Le putschiste n’est pas seulement celui qui prend les armes pour renverser un régime. Je souhaite que l’on retienne bien que les vrais putschistes, les plus nombreux, qui ne font l’objet d’aucune condamnation, c’est aussi ceux qui manigancent, qui utilisent la fourberie, qui trichent pour manipuler les textes de la constitution afin de se maintenir éternellement au pouvoir. C’est ceux en col blanc qui modifient les règles du jeu pendant la partie pour conserver les rênes du pays. Voilà les putschistes les plus nombreux », a-t-il justifié.
Quand Doumbouya justifie son Coup d’Etat
Indirectement, le Colonel Mamady Doumbouya a expliqué les raisons qui l’ont poussé à faire le coup d’Etat. « Je fais partie de ceux qui, un matin, ont décidé de prendre leurs responsabilités pour éviter à notre pays un chaos complet. Une situation insurrectionnelle. Aucune force politique, toutes complètement neutralisées à l’époque, n’avait le courage et les moyens de mettre un terme à l’imposture que nous vivions. La rectification institutionnelle à laquelle mes frères d’armes et moi avons pris nos responsabilités le 5 septembre 2021 n’était qu’une conséquence de cette situation de chaos qui avait fini par fissurer le tissu social et mettre à mal le vivre ensemble ».
Selon lui, l’Afrique de l’Ouest est confrontée à des prises de responsabilités par les Forces de Défense et de Sécurité qui suscitent interrogations, réflexions et actions de la Communauté internationale. Face à cette situation, il y’a lieu de se poser, dit-il, «pourquoi les transitions militaires maintenant ? ».
Sans prétendre être le mieux placé pour répondre, le patron de la junte guinéenne poursuit en disant que « Sans être exhaustif, nous pensons que les transitions qui sont en cours en Afrique sont dues à plusieurs facteurs parmi lesquels on peut citer les promesses non tenues, l’endormissement du peuple, le tripatouillage des constitutions par des dirigeants qui ont pour seul souci de se maintenir indéfiniment au pouvoir au détriment du bien-être collectif. Aujourd’hui les peuples africains sont plus que jamais éveillés et décident de prendre leur destin en main », ajoutant que la mauvaise répartition des richesses crée des inégalités sans fin, la famine, la misère qui rendent le quotidien de nos populations de plus en plus difficile.