Les transitions politiques résultent toujours des situations d’impasse dans la gestion des affaires de l’Etat. Elles sont généralement le recours ultime pour restaurer l’ordre et susciter les espoirs déçus. La question de la durée normale d’une transition politique reste une nébuleuse à examiner et comprendre pour éviter les amalgames.
Il faut savoir d’entré de jeux que la durée d’une transition n’est aucunement la garantie d’une réussite et c’est pourquoi dans l’histoire des transitions politiques, il y en a des courtes et des longues bonnes ou mauvaises. Dans les faits, il y a deux facteurs qui déterminent la réussite d’une transition politique. Il s’agit d’abord de la compréhension du niveau de déliquescence des secteurs vitaux qui ont engendré la transition. En suite le choix des stratégies efficaces et efficientes pour ramener les choses à la normale.
Autant la durée d’une transition dépend du niveau de délabrement des secteurs vitaux autant l’efficacité et l’efficience des stratégies choisies par les autorités d’une transition peuvent limiter la durée et produire plus tôt les résultats escomptés.
Ainsi une transition courte peut réussir si les stratégies de redressement choisies par les autorités sont adéquates et requiert l’adhésion de la majorité des acteurs notamment la population, la société civile et les acteurs politiques majeurs. Aussi, une transition longue peut échouer si les stratégies choisies sont inadéquates et si les autorités ne sont pas de bonne foi ou sont poussées par les acteurs sociopolitiques à la mauvaise foi.
De toute évidence, la réussite de cette transition guinéenne résultera de l’adéquation entre le niveau de délabrement des secteurs vitaux doublée de la profondeur des dégâts sur les consciences individuelles et collectives du guinéen et l’efficacité des stratégies choisies par le CNRD pour redresser le pays.
C’est vrai qu’au regard du niveau de délabrement de la Guinée, il faut théoriquement une durée de plus de trois ans mais, cette durée théorique ne peut garantir la réussite de cette transition. Il faut un accompagnement de tous et un aménagement de l’espace transitionnel pour permettre au CNRD de mettre en œuvre les réformes difficiles dans un temps raisonnable.
Pour cela, il faut identifier les secteurs prioritaires à attaquer durant cette transition dont les effets multiplicateurs auront des effets d’entraînement rapide sur l’ensemble de la vie nationale.
Il faut également que le CNRD gère ces axes prioritaires de la transition en approche professionnelle GAR (Gestion Axée sur les Résultats) et selon une planification stratégique élaborée au préalable et induisant un cadre logique complet avec les axes, les actions, les activités, les stratégies, les résultats, les hypothèses ou suppositions importantes, les effets et les produits. Tout au plus, il faut identifier les personnes ressources sur la base des compétences.
Certains me demanderont quels sont ces secteurs prioritaires auxquelles le CNRD doit s’attaquer prioritairement. A mon avis, il s’agit entre autres de restaurer l’unité nationale et le comportement citoyen en ayant une véritable nation guinéenne débarrassée des prismes ethnocentrique sur et communautaristes, de restaurer la bonne gouvernance intégrale dans tous les secteurs et plus précisément celle économique et politique en refondant le système politique et en organisant des audits et contrôles pour récupérer toutes les ressources volées, de refondre l’administration publique sinistrée et assainir la fonction publique avec des métiers de la République réadaptés et d’assurer la continuité de l’Etat durant cette période exceptionnelle.
En dépit de tout ce qui précède, ces quatre axes seront les piliers de la transition dans une parfaite planification qui déterminera la durée de la transition.
Que ALLAH sauve la Guinée.
Aimé Stéphane MANSARÉ.
EXPERT CONSULTANT EN SCIENCES SOCIALES DU DÉVELOPPEMENT.
DG de L’IPCJGUINEE ?