Le président guinéen a fait récemment le décret instituant le cadre permanent de dialogue social et politique. Ce caractère permanent et la qualité d’un cadre de dialogue socio politique font indubitablement éviter l’acuité des cycles de conflits et de troubles sociaux aux peuples et aux entités qui en prennent garde en privilégiant des actions anticipées. Une responsabilité qui doit à priorise s’inscrire dans le rôle de veille, d’alerte et de propositions alternative.
Face à la manière par laquelle les crises ont été gérées antérieurement, l’on n’a même pas besoin d’évaluer le cadre de dialogue tel qu’il fonctionne pour savoir qu’il est totalement défaillant et constitue en lui-même le vrai problème de la coexistence pacifique. En terme d’institutions publiques aux qu’elles sont formellement dévolues la stratégique mission du Dialogue sociopolitique, il y a d’abord la Primature qui en plus de coordonner l’action gouvernementale doit impulser et promouvoir le dialogue sociopolitique.
Au crible d’une simple observation de néophyte, quiconque se rendrait compte que le cadre, les instruments et les outils institutionnels et organisationnels dont disposent la Primature n’ont montré ni de l’efficacité dans les anticipations encore moins dans la résolution pacifique des conflits sociopolitique. Il faut y réfléchir au plus haut niveau pour doter la Primature d’un office opérationnel de dialogue social et politique avec un cadre et des instruments adaptés au contexte guinéen. L’Etat pour sa part doit éviter le pilotage à vue des crises en instituant des mécanismes de discussion pérennes qui peuvent stimuler aussi bien les anticipations que les résolutions et les préventions.
Aussi, dans des domaines spécifiés non moins déterminent, il le médiateur de la République, qui reste une institution d’appoint pour régler certains types de conflits selon le rôle et les attributions qui lui sont dévolus.
De toute évidence les institutions publiques consacrées doivent bien fonctionner pour activer et garantir le processus global de dialogue dans un pays où pratiquement tous les secteurs sont politisés. Cependant, il faut reconnaître que l’Etat dans le contextes guinéen a ses limites dans la conduite des mécanismes de dialogue en raison de la politisation à outrance de l’administration publique qui a du mal à être perçu comme impartial et apolitique.
La société civile, une instance de veille et d’alerte citoyenne…
Dans les conditions normatives, la société civile doit pouvoir jouer convenablement son rôle traditionnel d’instance de veille et transparence apolitique pour gérer le cadre de dialogue sociopolitique. Très malheureusement la SC guinéenne est très mal partie en posant des actes gravissimes antinomiques à sa neutralité socio politique politiques tout au long de l’histoire sociopolitique ressente de notre pays. Au nombre de ces actions déviantes, il y a eu ses nombreuses accointances avec les acteurs politiques pour les revendications citoyennes généralement récupérées avec astuces par les hommes politiques.
S’il faut rechercher le cycle d’échec des revendications citoyennes depuis 2007, c’est bien cette accointance contre nature entre la SC et les acteurs politiques. Il ne faut pas non plus négliger l’effet des querelles intestines entre les plateformes de la SC qui ont été le plus souvent nourries par des égos inconciliables sans rapport avec les missions orthodoxes d’une SC normale.
Les Partis politiques majeures qui animent la vie politique guinéenne sur la base des contre-valeurs appelées ethnocentrisme, communautarismes et même clientélisme profitent des conflits internes aux plateformes de la SC pour approcher telle ou telle autres plateformes de la SC.
Le gros problème qui décrédibilise la société civile guinéenne, c’est bien la. perception collective sur sa neutralité qui alimente toute son incapacité et sa crédibilité à conduire à terme un vrai dialogue sociopolitique.
A tort ou à raison , toutes les plateformes de la SC guinéenne sont politiquement caricaturées au point que même de bonne fois les appréhensions et les perceptions des uns et des autres constituent des facteurs d’échecs avant même le lancement du dialogue. Pour revenir aux contraintes et défis à relever par la SC guinéenne en vue de redorer son image et pouvoir convenablement jouer son rôle d’instance de veille et de dialogue sociopolitique, elle doit en substance Fédérer ses plateformes dans une vision commune en adéquation avec les rôles traditionnels des OSC .
Aimé Stéphane MANSARE
Expert consultant en sciences sociales du développement.
Directeur général IPCJ-Guinée