La République de Guinée avec une absence supposée de guerre n’est pas un havre de paix irréversible en raison de sa configuration sociohistorique et des dérives de ses leaders sociopolitiques. Ce pays aux immenses potentialités dont la population vit en dessous du seuil de pauvreté est sous tension socio-politique permanente depuis belle lurette.
C’est bien le résultat de l’évaluation par les Nation Unies du niveau et de la complexité de ses tensions qui a justifié l’éligibilité de la Guinée aux fonds de consolidation de la paix (PBF).
Le Guinée, sans être en guerre ouverte, présente tous les signaux indicateurs d’un pays en conflits ouverts ou même en guerre et par ricochet, un processus de réconciliation nationale est pertinent. Et cela se justifie contrairement certains guinéens néophytes qui pensent que » la Guinée n’ayant pas connu de guerre n’a pas besoin de réconciliation ». Alors que les conflits et les guerres qui résultent des tensions entretenues dans les entités sociales restent les rubiconds irréversibles de l’éveil des dynamiques de développement.
Ainsi, depuis 2013, le gouvernement guinéen avec l’appui du système des nations unies a élaboré et mis en œuvre un vaste programme d’études de base dirigé par les religieux pour déterminer la perception des guinéens sur les fondements, les critères, les orientations et la démarche d’une réconciliation nationale. Après 3 ans d’investigation approfondie sur toute l’étendue du territoire, un rapport consolidé a été remis au gouvernement pour passer aux assises nationales proprement dites.
Malheureusement, ce document précieux a été classé sans suite par le gouvernement du Prof. Alpha Condé pour des raisons inavouées certainement politiques.
Après des années de silence du régime déchu, l’intérêt d’organiser ces assises nationales par le Comité national de rassemblement pour la Démocratie (CNRD), est légitime et inattaquable par n’importe quel acteur sociopolitique guinéen s’il est patriote.
En ce qui concerne la démarche, elle aurait certainement pû être mieux préparée en informant et impliquant en amont toutes les parties prenantes pour concevoir de manière consensuelle les termes de référence et passer à la suite du processus.
Cependant, il est moralement inopportun pour des acteurs sociopolitiques majeurs du pays de bouder purement et simplement ces assises.
Le bon sens aurait été de s’y impliquer et de proposer de l’intérieur des réaménagements techniques possibles pour qualifier le processus et aider ainsi à atteindre le maximum des résultats lors de cette transition.
Il faut toujours rappeler aux guinéens qu’il ne s’agit pas de recommencer tout s’étendre sur des années mais, il est question de poursuivre un processus entamé et arrêté à 65% du travail global. En principe, le rapport du programme dirigé par les religieux est d’une richesse inouïe qui plante tout le décor pour la suite du processus. Toute la perception systémique des guinéens sur ce qui les a opposés de 1958 à nos jours et la démarche de résolution qu’ils souhaitent sont détaillés dans ce rapport.
De toute évidence, il est important que les TDR de ces assises soient tirés du rapport disponible et bien sûr consolidés par d’autres versions de documents.Le travail à faire, la manière de le faire, les cibles à confronter jusqu’à la justice , le pardon et la réconciliation sont clairement indiqués dans ce rapport et, par ricochet le travail à faire lors de ces assises nationales peut réussir si les acteurs s’impliquent sans réserve ni calculs politiciens.
Qu’ALLAH sauve ce pays.
Aimé Stéphane Mansaré
Expert consultant en sciences sociales du développement