La Coalition citoyenne pour les élections et la Gouvernance en Guinée (COCEG), comme plusieurs organisations et plateformes de la société civile, œuvre à la promotion de la démocratie à travers son implication active et remarquée lors des dernières élections en Guinée. Sans langue de bois, Bangaly Minatagbê Camara, Coordinateur national de cette plateforme, met en exergue la particularité de cette plateforme composée d’organisations incarnant les mêmes valeurs démocratiques.
Signalafrique.com :D’où est venue l’idée de créer cette coalition et quels en sont ses objectifs ?
BangalyMinatagbê Camara: Il faut préciser que notre Coalition est composée de huit organisations de la société civile qui sont : le CENAFOD, LEJEPAD, WANEP, ROSE, UDEC, REGUIMAJEC, COFEL et CAPP.
L’idée de créer cette organisation est née du fait qu’on a su qu’il y’a un véritable défi lié à la participation des Organisations de la société civile (OSC) au processus électoral en Guinée. Avec la polarisation du débat politique dans notre pays, il a été ainsi question de créer une plateforme composée exclusivement d’organisations pondérées qui défendent les mêmes idées, qui ont le souci de la transparence des élections dans notre pays, et qui pourront agir dans la collégialité en faveur du renforcement de la démocratie en Guinée.
C’est dans ce souci que nous nous sommes mis ensemble, et que nous avons rencontré le NDI (National démocrate institut) pour un appui technique. Car le NDI avait compris que nous avons le même souci et ambition de renforcer la démocratie dans notre pays. Nous avons ainsi commencé à concevoir des projets pour l’accompagnement du processus électoral qui a été financé par l’USAID dans le cadre de l’observation du double scrutin électoral du 22 mars 2020.
Pendant les législatives, la COCEG a déployé 450 observateurs à travers le pays. Lors des présidentielles, nous avons également déployé sur le territoire national, un total de 750 observateurs afin de contribuer à la collecte des données dans les bureaux de vote, mais aussi à travers l’analyse des interactions que nous avons eu avec les autres acteurs du processus électoral pour désamorcer d’éventuelles crises, liées au déroulement du vote et aussi pour permettre au processus de continuer.
Par rapport au renforcement de la démocratie, nous avons déjà travaillé sur les trois grandes élections qui se sont déroulées dans notre pays. Mais en ce qui concerne la gouvernance locale, nous sommes en train de travailler sur la responsabilisation sociale dans trois communes, à savoir Boké, Boffa et Kaloum. Cette activité permet de promouvoir la collaboration entre les gouvernants et gouvernés pour l’amélioration des conditions de vie des citoyens.
C’était un projet pilote qui a bien marché dans ces trois communes. Cela a aussi permis aux citoyens de faire leur propre diagnostic et de pouvoir participer au processus de développement de leurs collectivités.
Quelles sont les grandes thématiques d’intervention réalisées par COCEG durant ces élections?
La COCEG a travaillé essentiellement sur les questions d’observation le jour du vote. Mais en amont, nous avons également observé plusieurs étapes du processus, à savoir : l’enrôlement des électeurs et l’acheminement des équipements de bureau de vote. Nous avons réalisé des séries d’information et de sensibilisation sur l’éducation électorale des citoyens.
Toutes ces activités ont été réalisées en collaboration avec la (CENI) Commission électorale nationale indépendante. Parce qu’il ne faut pas oublier que les élections se sont déroulées dans un contexte sanitaire marqué par la pandémie du COVID-19.
Donc, la COCEG a su gérer son équipe en respectant les mesures d’hygiène imposée par les autorités sanitaires. Il fallait à ce niveau doter les équipes de moyens qui leur permettant d’être à l’abri des risques de contamination de la COVID-19.
Sur quoi, COCEG peut-t-il s’en féliciter d’avoir contribué à l’édification de la démocratie en Guinée?
D’abord, il est important de préciser que le COCEG évolue effectivement en fonction de ses objectifs. Ensuite, nous nous réjouissons d’avoir déployé 750 observateurs au cours de la dernière élection malgré le contexte sanitaire très risqué. Mais il y a lieu de préciser que le but de notre observation n’était pas de donner les résultats, mais de témoigner de la sincérité du déroulement du scrutin, et d’agir de manière à dissuader les incidents. Car nous avons réalisé le monitoring avec la CENI et le Haut commandement de la gendarmerie afin de pouvoir remonter les différents cas de violences sur le terrain pour que des solutions idoines soient immédiatement trouvées et permettre au processus de continuer.
Après les élections, nous sommes en train de travailler sur une initiative de campagne de plaidoyer pour la réforme du code électoral. Parce qu’il ne faut pas oublier que la modification de la constitution a eu des répercussions sur des textes d’application, notamment le code électoral. A ce niveau, nous avons pu répertorier à la suite de ces élections, un certain nombre de points qui constituent pour nous des priorités à prendre en compte dans le code électoral.
Vous savez que depuis des années, la société civile participe au processus électoral, mais il n’y a aucune partie qui l’autorise à faire l’observation électorale. C’est pourquoi nous estimons que c’est un élément important qui mérite d’être pris en compte dans le code électoral. Ainsi, en fonction de ces priorités, nous avons décidé de rencontrer l’Assemblée nationale ainsi des personnalités influentes afin de les intégrer dans le code électoral.
Quelle est l’analyse globale vous faite à la suite de ces deux élections?
Les élections en Guinée se sont passées dans un contexte particulier caractérisé par la crise à la fois sanitaire, par la propagation de la COVID-19, et politique avec le désaccord entre les acteurs par rapport à la tenue des élections.
Mais le boycott par certains acteurs, n’a pas permis d’avoir une élection assez inclusive. Cela a été un cas que la COCEG a beaucoup déploré.
Nous avons aussi observé des violences par endroits qui ont occasionné des pertes en vie humaine et la destruction des biens publics et privés. Cette situation de violence a également eu pour conséquence l’arrestation des personnes qui attendent leur procès.
Nous pourrons ainsi conclure qu’au lendemain de ces élections, la Guinée a plus que jamais besoin d’un cadre de dialogue.
Interview réalisée par Ismaël Diallo